dimanche 23 décembre 2012

NOIR DESIR - Live Divan du monde, 9 novembre 1996

NOIR DESIR
Concert promo 666667club (skyrock/fnac)
divan du monde, 9 novembre 1996
1.back to you
2.fin de siècle
3.prayer for a wanker
4.lazy
5.marlène
6.un jour en france

L'ensemble du concert (Playlist Youtube):


L'ensemble du concert (Playlist Dailymotion):

Les titres (piste par piste) à écouter (Youtube):












Il existe également un flyer de ce concert :


et un pass :

samedi 22 décembre 2012

Nous n'avons fait que fuir - Retranscription du texte

Nous n'avons fait que fuir - Retranscription du texte

Nous n'avons fait que fuir
Chanson d'une heure interprétée au couvent des Ursulines à Montpellier le 21 Juillet 2002.
(Retranscription du texte par Catherine Bosano)


Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés,
J’ai connu des rideaux de pluie à draper des cités souveraines et ultimes,
Des cerceaux déchirés couronnant les chapelles de la désespérance,
Et tourne l’onde,
Et tourne l’onde,
Et tourne l’onde,
Et tourne, et reviens-moi au centuple,
Reste,
Accroche,
Rêche,
Me caresse,
Me saoule,
Et me saborde,
Dérape,
S’enroule,
Pourri malheur,
Pourrie chaleur,
Et devient familier le chant des automates,
On est plombé mon frère des oripeaux de plomb je te dis,
De la tonne superflue,
Carcan,
Jour et nuit,
Carcan,
Fossoyeur,
Carcan,
Tout sourire,
Aux dents vertes,
Et nous consommerons,
Cramés par des soleils de pilule d’apparat,
Cernés par le fatras trop habile,
Et tu pourras ployer,
Personne ne verra rien,
Puis, des anciens charmes qui te remontent enfin du dernier des « je t’aime »,
J’aperçois des caboches saturées de limaille,
Qui replongent leurs yeux encore à l’horizon,
Et les possibles errances à la poitrine fière et toujours en douceur,
On a l’art des ruisseaux,
On a l’art de la plaine,
On a l’art des sommets,
On a l’art des centaines de milliers de combattants de la petite vie qui se cognent aux parois, On a l’art de faire exploser les parois,
On a l’art des constellations,
On a l’art des chairs brutes,
Mais on a l’art de la guerre,
Et on a l’art du fracas,
Et on a l’art de la pente de douceur,
Et on a l’art du silence,
Dis-moi, est-ce que je peux ?
Dis-moi, est-ce que je peux ?
Entourer de ma peau ton joyau de platine,
Je l’ai vu qui palpite sur le bord du chemin,
Je l’ai vu qui palpite sur le bord du chemin,
C’est vrai… c’est pourtant vrai… c’est vrai… c’est pourtant vrai… c’est vrai… c’est pourtant vrai…
Le caveau est immense,
Même la pierre a bondi,
Elle veut se mesurer aux planètes, à la voûte,
Elle peut donner des cours d’une autre architecture building,
Tu l’as vu mon éclat,
Il est du au hasard,
Enfin on dit comme çà,
Ma forme était connue depuis la nuit des temps,
Je parle de maintenant, ici et maintenant,
Allez, allez, salut cousin,
Bonjour à tes nuages,
Un cortège se met en route,
Une kyrielle d’assassins,
Tous insectes de proie,
Ils marchent, ils avancent,
Ils signent du bout des lèvres leur projet pour le siècle,
Oublient les yeux crevés.
ALERTE, ALERTE !
Tous aux abris,
Aux quatre ventres chauds qui te protégeront,
Retourne chez ta mère,
Ta mère,
Ta mère,
Ta mère était blonde,
Blonde comme les blés,
Elle laissait s’écouler des trésors de chaleur de la chair de sa voix,
A moins qu’elle n’ai été demi-princesse indienne,
Te faisant boire la nuit,
Des breuvages cuivrés comme une peau d’iguane,
Et approche tes lèvres… approche… approche tes lèvres… approche… approche tes lèvres…
Approche,
Plonge,
Redis-moi d’où tu viens,
S’écoule au fond du puit le remède ancestral,
Où l’on n’existe pas,
Ou l’on peut tout saisir dans le feu d’un éclair,
Dans les demi clins d’œil,
Et claque ton étendard au vent et chuuuut…
On le garde au secret,
Avale ta langue… maintenant !
On te saisira tout, huissiers, corbeaux, vautours, charognards, tortabess ( ? ), identité, police,
Le milliard de pétales de roses blanches disposé,
Délicat,
Sous nos petits pas, monstres,
Et me nage,
Puis m’énerve…
Me suis couché,
M’étends,
L’onde parcours mon flanc,
La marche du serpent peut reprendre ses droits,
ALERTE ! ALERTE ROUGE ! ALERTE !
Pourquoi rouge d’ailleurs ?
A-t-on jamais vu des alertes bleu ciel ?
Et le crétin céleste enveloppé dans le cosmos a flotté dans l’éther,
Pénard,
Troué l’azur,
ET MERDE !
Avions fusées en chasse,
Cà pouvait pas durer,
Zèbres acier sans savanes,
Aux sanglantes parures,
Striant la toile et cravache,
Silence,
En bas le sol crevé…en bas le sol crevé… en bas le sol crevé…
En bas le sol crevé,
Offrant sa panse intime à la morsure du ciel,
ALERTE ! ALERTE !
Paraît qu’on est des anges au paradis des octaves,
Qu’on peut gravir facile,
C’est question d’entraînement,
C’est pas pour les potiches,
Sale petite peste,
Pudding,
Cœur bouilli,
Sauce anglaise à la menthe,
Il faudra qu’on t’enseigne l’esquive frontale,
Une muleta blême,
Qui se rêve immobile.
Qu’est-ce qu’y a ?
Qu’est-ce qu’y a, tu dis rien ? Tu as perdu ta langue ? Qu’est-ce qu’y a, tu dis rien ?
Qu’est-ce qu’y a, tu dis rien ? Tu as perdu ta langue ?
Qu’est-ce qu’y a, tu dis rien ? Tu as perdu ta langue ? Bah ouais…
Bah, qu’est-ce qu’y a, tu dis rien ?
Tu as perdu ta langue ?
Alors, ces anges-là,
Alors, ces angelots de la muerte câline,
Se désolidarisent,
Sont engins du désastre,
Harnachés corps et âmes,
Sur leurs armures brillantes,
On peut voir le reflet de nos pauvres carcasses au regard qui s’affaisse,
Oc tac ! Pitié, je n’ai pas…tu sais…pourquoi…souviens-tu…moi aussi j’aurai…on n’y peut…mais bien sûr…j’y vais…d’accord…donc…rassemble-moi…puzzle,
Débris d’éclaboussure,
SOLE MIO !
Raclure,
On a droit au repos à la fin oui ou non ?
Tu perds ta langue, enfant ?
Tu as perdu ta langue ?
Je connais des collines qui s’imaginent reines,
Reines sur l’opéra des orages féminins,
Et tu peux doucement poser ta tête nue,
Sur leurs courbes de pins,
De joie et de misère,
Je connais des collines qui s’imaginent reines,
Reines sur l’opéra des orages féminins,
Et tu peux doucement poser ta tête nue,
Sur leurs courbes de pins,
De joie et de misère,
Ces morsures de poussière,
Mais poussière accueillante,
Des tissus élastiques,
De la chair de printemps,
Un carrousel vibrant sur un axe impétueux,
C’est tout dit !
Le sang mélangé,
C’est tout dit !
Au son des astres morts,
C’est tout dit !
Le sang mélangé,
C’est tout dit !
Prenez-nous pour des cons,
Prenez-nous pour des chiens,
Continuez,
Ne vous gênez pas,
Vos crachats ça nous fait une coquille de cristal,
Il suffit d’empoigner la crinière de l’étoile,
Moi aussi, j’adorais les courses de bagnoles américaines à la télévision,
Et puis les cris stridents des pneus chauffés à blanc,
Tôle froissée sur l’asphalte,
Et tout ce cimetière de la calandre acier,
Cà ne vaut pas c’est sûr,
Des armées de révolutionnaires s’optimisant toc,
C’est bien, et puis c’est pas cher,
Nous clamons,
Morfale,
Notre dose abrutie,
Maintenant je suis lofteur ou lofteux ou loqueteux,
C’est selon,
C’est pas grave,
Cà passera,
C’est qu’on a le fondement à la taille XXL,
Tentons d’organiser les litanies infimes,
C’est pour me dire à moi que je suis son absent,
Que j’appartiens déjà à l’autre rive intime,
Que pour ça je respire plus profondément…
Que pour ça je respire plus profondément…
Que pour ça je respire plus profondément…
Que pour ça je respire plus… plus profondément,
Tentons d’organiser les litanies infimes,
C’est pour me dire à moi que je suis son absent,
Que j’appartiens déjà à l’autre rive intime,
Que pour ça je respire plus profondément…
Que pour ça je respire plus profondément…
C’est que le monde passe vite,
Deux, trois dimanche en pleine lumière,
Et des enfants qui courent,
Les vieux claquent leurs dents sur des vitraux sans Dieux,
Et l’apéritif n’en finit pas de raconter sa vie,
Et la vie est passée,
Et la vie est derrière,
La vie était partout,
Et la vie est nulle part,
Il y a que tout ou presque se passe au bord de l’ombre,
A demi mot perdu,
Au carrefour des mystères,
Effluent souterrain,
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Entre les lampadaires,
Des années lumière du salut éternel,
Salut, comment vas-tu ?
Moi ça va, toi ça va ? moi ça va,
C’est bien, c’est très bien, c’est très très bien, oui c’est bien,
On a presque compris,
Les murs sont familiers.
Tu perds ta langue enfin ?
Tu as perdu ta langue ?
Tu perds ta langue ?
Tu as perdu ta langue ?
Pauvre sac d’os et d’excrément,
Tu te pavanes de l’aube au crépuscule,
Et ce n’est pas danser,
Et ce n’est pas esquisser d’un pas,
Et ce n’est pas fouetter l’air d’un geste détaché,
Et ce n’est pas l’élégance,
Loin s’en faut,
Des lignes si fuyantes qu’on les croyait sans fin,
Quasi inexistantes,
C’est marteler encore, et toujours la terre,
L’enfoncer sous ses pas,
Se la coller la glaise,
Sous mes semelles de plomb,
On me fait signe dans un autre hémisphère,
Syndrome chinois,
Fulgurance,
Transperce le noyau de feu et de magma,
On m’appelle sous d’autres latitudes,
Où les fleurs de cactus,
Et de grands magnolias,
Où des palétuviers disputent aux bétonneuses les royaumes ordinaires,
Qu’est ce qu’y a tu dis rien ?
Tu as perdu ta langue ?
Qu’est ce qu’y a tu dis rien ?
Tu as perdu ta langue ?
Et c’est au ralenti,
Que le défilé coule,
Et se répand aux quatre coins de l’écran,
C’est entre parenthèse, dans un temps qui n’existe pas,
Les horloges se sont mises en grève,
En ordre de bataille,
De combat,
Immobiles,
Présentez petite aiguille !
Grande aiguille !
Repos !
Et comment tu leur parles toi aux montres à quartz ?
Il faudra l’inventer le médiateur final,
Foutez-moi tout çà au gnouf,
Et puis à la décharge,
Et puis concassez-moi ces breloques,
Et c’est comme chez Lipp,
Tout çà ma bonne dame,
Au rouleau compresseur,
Oui t’as bien raison de venir du fond du grand bocal,
Des régions qu’ils appellent bassins industriels,
Les mêmes que sur le chemin des guerres,
A l’aller,
Au retour,
Y’en aura pour tout le monde,
Et puis t’auras du boulot,
Jusqu’à ce qu’il n’y en ai plus,
Faut pas rêver oh, faut pas rêver…
Tiens-toi bien à ta barre :
L’horizon c’est des conneries inventées par les utopistes,
Si tu veux la porte,
Elle est là !!!
Des millions de gueules grandes ouvertes,
Qui ont plus faim que toi,
Mais qui sont pas plus fortes que toi,
Car si tu collabores,
Car si tu persévères,
Nous te protègerons de notre bras armé,
C’est que nous on aurait voulu qu’on nous parle gentiment,
Pas qu’on nous mente,
Non… mais qu’on nous parle gentiment,
C’est pour changer des marteaux,
Pour changer des enclumes,
Puis bien sûr, çà recommence,
On s’est fait marteler,
On s’est fait encrimer,
Faudrait qu’on prenne la tangente,
Ouais faudrait qu’on prenne la tangente alors,
La diagonale et zou !
64 cases, et 8 fois 8,
L’infini renouvelé toujours,
Survolé,
Grand format,
On se prend à y croire,
A ces combinaisons des infinis possibles,
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles.
Maintenant qu’on envisage la voûte céleste,
Et le goût des cerises à défaut de leur temps,
Encore qu’il ne faut pas,
Qu’il ne faudra jamais se départir de ça,
De ce miel,
De ce vent de la fin de l’été,
Et des grands peupliers si doucement courbés,
Les hautes herbes toutes inclinées sous l’évidence tiède,
Mais pas soumises,
Mais pas soumises hein ?
Non !
Verticales dans l’âme,
Seulement reconnaissantes pour le présent offert,
Pour la caresse fauve,
Et les jeunes filles alors,
Sont les sœurs des rubans,
On les dirait flottantes,
Sur une mer de silence,
Et la ville endormie rêve de barricades,
Allez on n’oublie rien !
Allez on n’oublie rien !
Tu perds ta langue enfin ?
Est-ce que tu as perdu ta langue ?
Tu perds ta langue enfin ?
Est-ce que tu as perdu ta langue ?
Tu perds ta langue enfin ?
As-tu perdu ta langue ?
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles.
Mais dans le cercle alors,
On pourrait s’immoler sur des cimes vertiges,
Pas pour tourner en rond,
Comme on le crois parfois,
Non…
Pour créer des spirales,
Des colonnes aspirantes,
Et je tiens mon pégase ?
Je ne le lâche pas,
Je l’ai monté à cru,
Il est aussi sauvage que je suis devenu,
Après avoir appris l’alphabet pourrissant,
Des grands calculateurs,
A hauteur d’escabeau,
A ras des certitudes attablées,
A quoi bon ?!
Chérie, je suis devenu rationnel,
Le jour d’après,
Cynique,
Et je ne sens plus rien,
A présent, tout me glisse dessus,
Me coule à l’extérieur,
Je sais me débrouiller avec le brou ha-ha,
Et avec le bruit des masses,
Je suis intoxiqué volontaire,
Sur adapté chronique,
Prenez-moi comme exemple,
Comme jeune premier,
Comme mannequin vedette,
Je sais me mettre en scène,
Je sais me défiler,
L’ai-je bien descendu ?
Les ai-je bien descendues les marches du palais d’empereur communiquant,
Des charmants chimpanzés,
Aux mimiques de bronze et aux sourires d’ivoire,
Je suis donc un apôtre de la modernité
Je suis donc un apôtre de la modernité lalala…
Je suis donc un apôtre de la modernité… là voilà,
La table est dressée,
Nous sommes tous autour,
Le chef n’est pas là,
Il a été retenu,
Mais… j’ai la croix,
La couronne ( elle est belle),
La multiplication ( efficace),
La climatisation ( hum nécessaire) hum…
Gigolo !
Une minute !
Je sens les eaux qui montent,
Et les troupes en chemin,
A travers champs et villages,.
Il font chialer les bustes,
Et les portrais d’ancêtres,
Socle,
Statues déplacées,
Soc,
Charrue blesse la terre,
Eclate les écorces au coin des cheminées,
Du coup,
C’est après mûre et soutenue réflexion,
Que nous avons voulu prendre de la distance avec la peine perdue,
Celle de chaque jour,
Qui se suffisait bien,
Que nous avons fini de labourer nos chairs,
D’attendre en bons amis et patientes maîtresses,
Qu’on nous visite enfin,
Qu’on nous foudroie d’amour,
Il fallait une flèche autrement décochée,
Une qui se planterait,
Comme on plante une griffe dans les poitrails indiens,
Reliée au grand poteau,
Et ça tourne sans fin,
C’est la danse du soleil,
Eh t’as perdu ta langue ?
Tu as perdu ta langue, enfin ?
Dieu est mort !
Nietzsche est mort !
Désenchanté le monde,
Prends ma main Camarade,
J’aurai besoin de toi,
Les tueurs de merveilleux courent toujours,
Arrêtez-les !
Arrêtez-les !
On voudrait discuter,
Mais manque un relais,
Un maillon de la chaîne,
Ou une catapulte.
Invention ! Invention !
On invente un trésor et pas un dépotoir,
Encore que dans l’ordure poussent des fleurs sacrées,
Ouais, j’y tiens, ouais !
L’or,
Et tout çà, ces parures,
Cette attitude vaine,
Ces poses et compagnie,
On le sait , on le sait,
On le sait qu’il suffit d’un rayon de soleil,
On le sait qu’il suffit qu’un rien de soleil se pose au bon endroit,
Sur ce balcon foutoir,
Pour que le chant,
Pour que le chant s’élève.
Et tu n’y pourras rien,
Et je n’y pourrai rien.
Si tu l’as oublié tu as tout oublié !
Et tu peux te baigner dans les baignoires d’or,
Et tu peux te rouler dans la luxure encore,
Et tu peux te pétrir le membre,
Imperator de l’intellect,
Car je sais que çà tu sais,
Car je sais que tu sais,
Que tu sais, que tu sais, que tu sais, que tu sais, que tu sais,
Que sais….
Mais tu sera toujours pauvre,
Dépenaillé,
Minable et creux,
Caracoleur,
Caricature,
Epouvantail qui ne fait peur qu’aux moineaux,
Je t’aime bien,
C’est pas çà,
Je t’aime bien,
C’est pas çà,
Je fais plus que t’aimer,
Allez ! Allez !
Je suis fait du même bois de sang,
De la même écriture,
Nous sommes entre nous,
Tu as perdu ta langue ? Allez ! Tu as perdu ta langue ? Allez !
Tu as perdu ta langue ? Allez ! Tu as perdu ta langue ?
Tu as perdu ta langue ? Allez ! Tu as perdu ta langue ?
Tu as perdu ta langue ? Tu as perdu ta langue ?
Allez ! Allez !
Tu as perdu ta langue ? Allez !
Tu as perdu ta langue ? Allez !
Tu as perdu ta langue ? Allez !
Tu as perdu ta langue ? Allez ?
Tu as perdu ta langue ?
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir, mais sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés…
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés…
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés…
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés…
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés…
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés…
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés…
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés…
Nous n’avons fait que fuir, nous cogner dans les angles,
Nous n’avons fait que fuir,
Et sur la longue route,
Des chiens resplendissants deviennent nos alliés…

(Texte de Bertrand CANTAT) Juillet 2002

linternaute.com : Nous n'avons fait que fuir - Box office livres

Vu le 31 décembre 2005 sur linternaute.com : Nous n'avons fait que fuir - Box office livres

Nous n'avons fait que fuir - Jacques Séréna

Vu  le 31 décembre 2005 sur remue.net : Nous n'avons fait que fuir - Jacques Séréna

Jacques Séréna / Ce n'était pas de lui, ce n'était pas d'elle
à propos de "nous n'avons fait que fuir", de Bertrand Cantat (éditions Verticales)



C'est que le monde passe vite, deux trois dimanches en pleine lumière et des enfants qui courent
Les vieux claquent leurs dents sur des vitraux sans dieux
L'apéritif n'en finit pas de raconter sa vie
Et la vie est passée
Et la vie est derrière
La vie était partout et la vie n'est nulle part .
Il y a que tout ou presque se passe au bord de l'ombre, à demi-mots perdus, au carrefour des mystères, confluent souterrain.
Nous n'avons fait que fuir
Nous cogner dans les angles!
Bertrand Cantat - Nous n'avons fait que fuir - Verticales, mai 2004
Un long texte fragile, avec des accents que nous n'avions pas vécus depuis le meilleur Léo Ferré. Une heure compacte d'improvisation où le rock sombre de Noir Désir cherche à investir, hors de la chanson, la relation du langage à la musique. A ce titre, comme parallèlement le beau texte Contre, de Lydie Salvayre, avec aussi le guitariste Serge Teyssot-Gay, qui inaugurait la collection Minimales des éditions Verticales, un dialogue contemporain renoué entre musique et littérature qui nous importe au premier chef. Je remercie Thierry Guichard et Jacques Séréna de nous autoriser à reprendre, à l'occasion de cette publication, la chronique que Jacques Séréna avait publiée en octobre dans sa page du Matricule des Anges. D'autre part, nous reprenons le texte par lequel Bernard Comment, directeur de la fiction à France Culture (et qui va prochainement reprendre à Denis Roche les rênes de la collection Fictions du Seuil) présente le disque et le texte publiés par Verticales. FB.


En juillet 2002, dans le cadre du festival de Montpellier - Radio France, le groupe Noir Désir répondait à une invitation de France Culture pour un concert qu'on peut à bon droit qualifier d'exceptionnel.
Ce fut en fin de compte un long poème de Bertrand Cantat, au titre surprenant, voire énigmatique, Nous n'avons fait que fuir. Bilan? Regret? Appel au réveil? Ce texte est tout cela à la fois, comme un cri de rage pour dire une période qui nous trouve souvent démunis ou impuissants face à la farce du monde. "Tu as perdu ta langue?", ce leitmotiv, comme une fausse question, nous incite à reprendre une parole débarassée des lieux communs et des réflexes de soumission pour trouver la force de dire non, et d'aspirer à autre chose qu'un monde de la pure apparence et du conformisme.
Par fragments successifs, on entre dans un monde visionnaire, avec ses nostalgies, mais aussi ses cauchemars, ses sarcasmes, son ironie taraudante, selon l'errance d'une longue route faite aussi bien de lucidité que de rêves malgré tout, où "les chiens resplendissants deviennent nos alliés".
La planète va mal? En voici la confirmation, poétique et implacable comme un cri chanté, ou un chant crié et murmuré. L'énergie de la révolte est dans ces lignes, contre les multiples tentatives d'étouffmeent qui sont notre quotidien.
Il en résulte un magnifique et long morceau de près d'une heure, psalmodié, caressé, hurlé, brandi, chuchoté, borrygmé, dont on trouvera la version jouée un soir d'été par le groupe Noir Désir, moment en bonne part improvisé, et déjà inoubliable.
Le tragique est survenu entre-temps, avec sa part d'irrémédiable. D'aucuns voudraient tout effacer. Je crois au contraire que le propre de l'homme, ce qui le fait grand, est la mémoire, où l'on regarde le pire et le meilleur. Il le rend plus problématique. A chacun, désormais, de faire son usage de la mémoire.
Bernard Comment


Ce n'était pas de lui, ce n'était pas d'elle
© Jacques Serena - Matricule des Anges

Nous tombe soudain dessus l’annonce d’un événement et nous voilà sans mots. Parce qu’on y sent quelque chose d’innommable. Comment dire ce mystère, tenant à la fois de l’effroyable et du miraculeux. Qui nous trouble d’une façon qu’on ne peut s’expliquer. Un événement dont on sent qu’il ouvre dans notre monde une faille. Mais quand on a dit la faille, nous voilà bien avancé. On a beau tenter de rendre compte de ce qu’on sent, on entend bien qu’on est loin du compte. Et, durant les jours qui suivent, une ambiance étrange, pudique, quasi-silencieuse, se met à flotter autour de nous et de ceux qui, comme nous, ont senti de quelle étrange sorte d’événement il s’agissait. Et cela peut durer, cette ambiance. Longue période durant quoi on veut se parler l’un à l’autre de ce qu’il vient d’arriver sans rien trop parvenir à s’en dire. Disséminations de mots qui semblent aussitôt plats, sur fond de longs silences ambigus, dont on ressent l’étrangeté. On dit par exemple : non mais franchement ce n’était pas de lui, ce n’était pas d’elle, et qu’est-ce qu’ils étaient allés se perdre là-bas, et vu les circonstances. Vu les circonstances, lui totalement coupé des siens, et elle au contraire, comment n’ont-ils pas senti venir. Sur quoi on se raconte, l’un à l’autre, et l’autre à l’un, les soirs où, pour nous, en circonstances similaires, ça a été moins cinq. On voudrait voir le lieu, vérifier, parce qu’on a quand même appris, à force, la puissance des lieux. Dans telle sorte de lieu tel éventail d’événements peut avoir lieu. Des jours durant où on ne pense qu’à cela, veut s’en parler et n’arrive à s’en dire pratiquement rien. Le plus difficile étant d’inexorablement retomber sur les tournures des médias, officielles, fatiguées, usuelles, la bonne vieille sagesse rodée. Le terme de ‘dramatique’ par exemple, ce mot qu’ils emploient tous les jours à toutes les sauces, il y a cette vulgarisation implacable des médias, s’obstinant à démolir le peu de mystère qui pourrait encore subsister dans nos existences. Quant aux avocats et la police, c’est encore pire, sans parler des parents, bien sûr, les parents mieux vaut n’en pas parler. Parents, police et avocats y comprennent encore moins que tout le monde. Sauf que, même eux, en tout cas on l’espère, eux-mêmes ont bien dû sentir, à leur façon, à un moment, le malaise. Sentir que leurs soudaines logorrhées, de même que nos quasi-mutismes, avaient à voir avec le fond des choses. Une profondeur qu’on a entrevue, qui nous échappe et qui crée ce malaise. Une fêlure insoupçonnée. La proximité d’une donnée oubliée, ou presque. Qu’on ne sait plus, en tout cas, dire. Depuis trop longtemps à laisser les médias vulgariser tout. Ce qu’on sent sous cet événement ne peut pas se dire avec les formules des médias, la preuve est faite. C’est d’un autre ordre. Plus miraculeux et plus effroyable. Qui arrive encore au monde de temps en temps, mais dont on ne sait plus, à force, quoi faire. On répète que ça n’est pas de lui, ni d’elle, et qu’est-ce qu’ils étaient allés foutre là-bas, et vu le contexte. On se redit le contexte, ce qui rode assez fatalement autour de qui s’est totalement coupé de tous les siens et de qui au contraire ne parvient pas à s’en dépêtrer. On répète que quiconque a un tant soit peu vécu sait bien ce qui certaines nuits peut planer. On tente d’ignorer le battage pour les derniers livres, derniers films, dernières photos, on tente de s’accrocher au silence. On s’en veut d’attendre quand même l’enquête, alors qu’on sait bien que médias, films et livres ont déjà fait leur œuvre, que tout est fini, reconnu avant d’avoir été connu. L’affaire est entendue, l’était sans doute dès le départ, dès même avant, l’a toujours été, c’est ça aussi.
Et nous, ce qu’on voudrait pouvoir faire entendre. Au risque de faire encore hurler. Avouer que ce drame nous en rappelle étrangement un autre arrivé à une cousine quand on avait dix ans. Ajouter que ce qu’on sent sous ce genre d’événements est peut-être ce qu’on entrevoyait au fin fond des crises, de ces longues crises qui nous faisaient de temps en temps rendre un peu l’âme. Renchérir que l’on sentait bien, alors, que cela restait toujours tapi sous la surface de tout, que c’était, avait été, et serait toujours sous tout. Et que quand les médias en chœur radotaient sur la mort de cela, cela suivait son propre enterrement en dansant.
Aux vieux temps des croyances aveugles, avec leurs cortèges d’anges à trompettes, de démons à fourches, et d’illuminés, et de possédés, cela pouvait se dire, aveuglément, certes, mais on se comprenait. Nos temps médiatisés, mondialisés, aux versions préemballées, officielles et sans alternative, ces temps ont jeté, comme on dit, le bébé avec l’eau du bain, ou l’eau du bain avec le bébé, peu importe, ont tout jeté. Et donc nous incombe, à nous, qui sentons cela, la tâche urgente de réinventer un vocabulaire d’aujourd’hui, sans fourches ni trompettes, pour pouvoir redire cela, se le refaire comprendre.

adecouvrirabsolument.com / " nous n'avons fait que fuir "

Vu le 30 décembre 2005 sur adecouvrirabsolument.com : Critique " nous n'avons fait que fuir "


Vous allez me dire il y a plus simple à chroniquer qu'un long morceau de 45 minutes, surtout après Vilnius. Comment ne pas voir en chaque phrase, chaque mot une allusion, rendant quasi-absurde la moindre interpretation. Long poême, longue fresque shamanique, ce " nous n'avons fait que fuir " n'est rien d'autre que le prolongement des fins de concerts épileptiques et destructrices de Noir Désir, ici allégées par l'absence de contrainte, par l'absence de régle conssumériste, ici Cantat et Noir Désir peuvent aller aussi loin qu'ils veulent sans passer par l'opportunuité de tout gagner. On pourra longtemps s'interroger sur le sens à prendre pour ne pas faire une sortie de route, on pourra s'interroger sur ceci, sur cela, mais ce disque n'est-il pas justement l'absence d'interrogation comme bras armé. Comédie surjouée, férré dans la fumée scénique, " nous n'avons fait que fuir " parle de direction à prendre ou non, de la direction que nous sommes tous à chercher . Nous n'avons fait que fuir à cogner dans les angles, nous n'avons que fuir devant la tache de parler de ce disque. Alors écouter le livre, lisez le disque, ou ne faites que fuir, baignez vous dans des baignoires d'or ou aimez à plus ne savoir qu'elle direction est à prendre pour fuir. Ne perdez rien ne fuyez pas, enfin pas encore, gardez bien en vue l'horizon fuyant, à force vous le rattraperez, pas comme l'histoire.

Gerald de oliveira

musique-chroniques.ch / Critique " nous n'avons fait que fuir "

Vu le 30 décembre 2005 sur http://www.musique-chroniques.ch/ : Critique " nous n'avons fait que fuir "

Dans le cadre d'une soirée carte blanche à Noir Désir proposée par France Culture, le groupe se retrouve durant sa tournée des Visages des Figures en 2002 et enregistre, en une prise et en public, un long morceaux de 55 minutes sur les textes de Cantat. "Tout a été jeté, craché et le résultat est là" écrit Bertrand dans une postface pré-Vilnusienne, et c'est bien le sentiment qui ressort à l'écoute de ce livre-cd. Noir Dés' prolonge l'expérience de "L'Europe" que l'on trouve sur le précédent album en laissant la mère Fontaine à ses délires dans son Kékéland. Les textes sont moyennement compréhensibles, il y a des éclairs de génie bien sûr, mais il y a surtout beaucoup de longueurs, et si l'on arrive pas d'une manière ou d'une autre à "s'ouvrir les portes de la perception", ces 55 minutes risque d'ennuyer quelque peu. For fans only…



le sto
10 08 2004

Nous n'avons fait que fuir / Soyons.désinvoltes. par Moland Fengkov

Vu le 30 décembre 2005 sur http://moland.kaywa.com : Soyons.désinvoltes. par Moland Fengkov

"Le tragique est survenu entre-temps, avec sa part d’irrémédiable. D’aucuns voudraient tout effacer. Je crois au contraire que le propre de l’homme, ce qui le fait grand, est la mémoire, où l’on regarde le pire et le meilleur. Il le rend plus problématique. A chacun, désormais, de faire son usage de la mémoire". (Bernard Comment)



Il nous reste des traces. Tombé par hasard, en musardant dans les rayons d’un grand magasin, sur un petit livret au titre énigmatique et au nom plus qu’évocateur. Rapide coup d’œil sur la quatrième de couverture, pour apprendre qu’en juillet 2002, «lors du festival de Montpellier Radio-France, Noir Désir répondait à une invitation de France Culture pour un concert unique.» Dans un cadre exceptionnel, le cloître du couvent des Ursulines, le plus grand groupe de rock français de tous les temps ne s’est pas contenté de répondre à l’invitation, mais s’est livré à une véritable performance, avec tout ce que cet exercice implique d’improvisation, d’aléatoire, de magique et d’exceptionnel. Les éditions Verticales restituent dans ce petit livre, accompagné d’un CD, le texte de ce long morceau de 55 minutes, titré Nous n'avons fait que fuir, tendu comme un titre des Doors, violent comme une colère sourde, poétique comme l’œuvre d’un Rimbaud ou d’un Lautréamont, frénétique comme le chant d’un Brel.
Impossible de dissocier l’œuvre de Noir Déz du drame au cœur duquel se place son leader charismatique, Bertrand Cantat. Est-ce la fin du groupe pour autant ? Trop d’encre a coulé à ce sujet, alors pourquoi y revenir, à l’occasion de cet achat ? Simplement parce qu’il y a peu, je suis tombé sur un clip du groupe interprétant en duo avec Bashung une chanson, «volontaires», juste le temps de nous rappeler que les petits nouveaux, Luke, Saez, et consort, auront beau se racler la gorge, la laisser dérailler au bout de certaines phrases, ou encore rouler les r, personne ne remplacera ni n’égalera la force poétique des textes de Cantat, dits, susurrés, hurlés, déclamés comme dans cette longue incantation, avec autant de maîtrise et de cœur. Ce soir Bertrand ne dérange que les démons et les anges, mais son ombre continue de traîner sur les platines, dans les esprits des amoureux du rock à texte. Au patrimoine. Et on continuera à se méfier des contrefaçons. Il n’est pas encore venu, le temps où l’œuvre de ce groupe mythique et unique, loin d’être enterré, aura entraîné le public dans la lassitude. Lost, peut-être, mais not stranded yet.






.Nous.n'avons.fait.que.fuir.[Bertrand.Cantat].
.Editions.Verticales.


dimanche 16 décembre 2012

"INROCKUPTIBLES" – N°9 – Décembre 1987 / Janvier 1988

Coupure de Presse : "INROCKUPTIBLES" – N°9 – Décembre 1987 / Janvier 1988.

NOIR DESIR"Où veux-tu qu' je r'garde"
(45t, Barclay)
 
On n'a peut-être pas assez insisté lors de la sortie du mini-Lp dont est extrait ce single que, s'il y a un nouveau groupe français à élire en 87, c'est Noir Désir. Seul groupe à avoir évacué les tentations de faire du rock-variet’ ou du punko-franchouillard, seul groupe à avoir réussi le mariage de la langue française avec les sonorités d'un rock mature aux prétentions internationales. On ajoutera que la voix haut perchée de Bertrand Cantat a une réelle personnalité et que la production est signée Théo-la-vérité-est-toujours-révolutionnaire-Hakola.
N. Bates

« Le monde de la musique » - n°98 – Mars 1987

Coupure de Presse : « Le monde de la musique » - n°98 – Mars 1987
NOIR DÉSIR
Où veux-tu que’je r’garde.

Au début, rien. Le diamant frotte le vinyle, et rien. Ou si: la batterie sur le sentier de la guerre, la basse qui épaule, la guitare qui met en joue et deux ou trois accords de piano qui font les sommations, discrètement. On songe aux couleurs souterraines du dernier Died Pretty ou encore - et surtout - à Gun Club. Pas si mal pour un groupe français, mais bon... Puis la voix entre dans le jeu, agréable, un peu geignarde quand même, sentant sa jeunesse, Paul Personne sans les cailloux dans la gorge. Et la voix chante: « J’ai tremblé c'est un signe / Je ne resterai pas digne / Les cas extrêmes sont toujours les mêmes. » Surprise. Rockers Intelligents, sensibles au texte. Curieuse aussi cette rencontre, présagée improbable, de Gun Club et du français ; cette sensation que, dans la langue, quelque chose a été forcé. Comme chez Gainsbourg, mais autrement. Comme chez Bashung, mais autrement.
On continue. Après un constat clinique (« J’ai la nausée quand je reste assis ») et une affirmation prémonitoire désolée (« Oh je n'ai jamais pu l’oublier / L’odeur des endroits où j’irai / C'est une question de moeurs »), on croise subitement l'ombre pendue de Nerval au beau milieu d'une satire circulaire des snobs: « Ah! pouvoir partir et mourir avec El Desdichado et oublier les salons gris où la classe supérieure danse encore du bout des... » Nouvel étonnement.
Alors on se renseigne. Noir Désir est un groupe de Bordeaux, berceau de La Boétie, Montaigne et Montesquieu. Voilà qui expliquerait peut-être la littérature. Et la musique ? Sollers, autre écrivain du cru (mais plus jobard), dit quelque part que « Bordeaux est un signe de ralliement sudiste. » Théorie audible dans le disque à travers l'harmonica south-western qui chuinte en suspens et cette fièvre jaune, bourbeuse, fièvre des marigots qu'inoculent les sept titres (en effet, il ne s'agit pas d'un 33-T, mais d'un simple mini-LP. Comme au poker, sept titres pour voir, sept petits titres et puis s'en vont, ou encore : « Tourne ta langue sept titres dans ta bouche avant d'enregistre r»).
A ce point, je devrais avoir le courage d'être critique, de chipoter un peu: sur la voix (déjà dit), mais aussi sur le manque de concision des compositions, malgré la production tout en angles de Théo Hakola (Passion Fodder). C'est vrai, ce disque est imparfait. Cette vertu-là, la perfection, attendra encore un peu. Mais de deux choses l'une. Primo, ce mini-LP est symbolique d'un renouveau du rock français. Comme en 77/78 sous l'impulsion de Téléphone, les major compagnies ont l'air de croire à nouveau aux groupes, aux guitares, au rock
( ainsi Barclay a aussi signé Gamine, un autre groupe de Bordeaux dont on attend le
45-T), Secundo, ce disque n'est pas un disque.
C'est une préface, un préambule, une déclaration d'intentions, l'annonce d'un trajet, une levée d'ancre. Non pas le plaisir brut mais sa seule amorce, non pas l'extase mais son vestibule où l'on goûte l'émotion de l'attente avant l'émotion de l'extase elle-même. C'est donc ce qui suivra ce mini-LP qui nous intéressera tout particulièrement.
Arnaud Viviant.
Barclay



"MUSIC’N SHOW" - n°4, février 1988

Coupure de Presse - "MUSIC’N SHOW" - n°4, février 1988
NOIR DÉSIR

"Où veux tu qu’je r'garde"
45 T - Barclay 887158-7

C'est bien ficelé. Noir Désir impose un style qui lui est propre. Quant à savoir si ce sera un disque d'or, je suis dubitatif.

"ROCK HARDI" - n°13/14, 1987

Coupure de Presse : "ROCK HARDI" - n°13/14, 1987

NOIR DÉSIR : "Ou veux-tu qu'je r'garde" mini LP (Barclay)
Révélation des Transmusicales 86, produit par Théo Hakola (Passion Fodder), ce mini LP de Noir Désir s'intitule "Où veux-tu qu'je r'garde": telle est la question ! Guitares ciselées et volages sont au rendez-vous, ainsi qu'une voix qui ne peut être que le témoignage d'un anglomane convaincu, élevé avec Jeffrey Lee PIERCE. Une voix servie par des textes ésotériques et une musique forte. Bref, nous succombons à une véritable émotion, celle des grands jours, Sombre (s), Écorché (s), Sensible (s), fragile(s).
Noir Désir, sublime forcément sublime.

 

"SUR LA MEME LONGUEUR D’ONDE" n°21, 1988

Coupure de Presse : "SUR LA MEME LONGUEUR D’ONDE" n°21, 1988

NOIR DESIR
"Où voix-tu qu'je r'garde", le deuxième 45 tours extrait de leur album vient de sortir, un nouveau disque pour bientôt ?
-"Oui, il est prévu, et en cours de composition actuellement. Il devrait comprendre douze morceaux, dont trois d'ores et déjà terminés. Mais avant cela, on reviendra dans nos pénates à Bordeaux, pour y travailler tranquilles et prendre un peu nos distances par rapport d tout ce qui se passe au-dessus de nos têtes à Paris..."

TELERAMA n°1937, le 25/11/1987

Coupure de Presse : TELERAMA n°1937, le 25/11/1987
NOIR DÉSIR
OU VEUX-TU-QU'JE R'GARDE'
Mini LP Barclay 831484-1.
- ff -
La pochette est un vrai plaisir à l'oeil. Ça compte. Bien sûr, les maisons de disques soignent le graphisme de nos jours, mais souvent le contenu ne mériterait qu'un sac à papier... Ce n'est pas le cas ici. Du nom du groupe aux titres des morceaux, le mystère embellit. Et à l'écoute, achève de séduire.
Le chant ténu fait d'abord craindre un énième avatar de rock lycéen, mais Noir Désir ne joue pas de ce poum-tchac-là. Sobre, le parc instrumental, sobres les arrangements, insidieux le climat, frémissant, fascinant, alliant des plongées baudelairiennes ou rimbaldiennes (n'hésitons pas), à la fragile et sûre séduction d'un langage elliptique. « Toucher du bout des doigts les rythmes sensuels assagis », « Je me sens si bien hier matin que je voudrais être à demain » : notations furtives, touches cruelles et précises, lumières noires.
Comme le désir. Captivant, ce jeune groupe dont je ne sais rien, sinon qu'il est produit par Théo Akola, l'ex-chanteur d'Orchestre Rouge, autre personnage insolite.



INROCKUPTIBLES - N°5, Mars - Avril 1987

Coupure de presse : INROCKUPTIBLES - N°5, Mars - Avril 1987

NOIR DESIR
LE DÉSIR EST TOUJOURS PERVERS, PARAIT-IL.
COMME LEUR MUSIQUE, BELLE ET MALADIVE, DÉNICHÉE A BORDEAUX PAR THÉ0 HAKOLA. UNE MERVEILLE DE PREMIER ALBUM, UN DISQUE AUX SENTIMENTS EXACERBÉS, DÉLICAT ET ÉCORCHÉ.

Si chacun d'entre nous n'avait à retenir qu'un morceau?... "All along the watchtower" par Hendrix, "The end" des Doors, "Texas serenade" du Gun Club et "Won't get fooled again" des Who...
Le style musical du groupe a-t-il beaucoup évolué depuis vos débuts?
Si le groupe a sept ans d'existence, la formule actuelle date d'il-y a deux ans seulement, là "couleur" du groupe aujourd'hui est donc récente. Nous sommes passés par des choses moins affirmées, c'est venu petit à petit.
Si vous aviez à situer l'originalité du groupe, quelle part attribueriez-vous à l'interprétation?
La plus grande, sans hésitation, c'est l'interprétation qui prime. C'est ce qui nous séduit dans des groupes comme le Gun Club : tout en venant de racines très classiques, c'est un truc totalement à part, complètement revisité. C'est une interprétation magistrale de ces racines, tout comme les Violent Femmes l'ont fait. Mais pour en revenir à Noir Désir, de par les influences hétéroclytes des membres du groupe et la façon que l'on a de construire les morceaux, à savoir tous ensemble et en laissant les choses venir, il y a une certaine originalité qui se dégage d'elle-même au niveau de l'écriture des morceaux. On aime beaucoup casser la structure d'un morceau, varier les ambiances au sein même d'une chanson en s'attachant à exploiter chaque aspect, chaque atmosphère jusqu'au bout. On laisse énormément de place à l'improvisation au sein des morceaux, c'est dans leur nature même. Sur scène, on ne sait jamais trop ce qui va se passer, c'est totalement imprévisible. Il y a une structure générale, pas de construction stricte.
Comment s'est passé l'enregistrement de votre premier mini-album?
Théo Hakola, qui a produit le disque, a su faire sortir, pendant l'enregistrement, des choses qui étaient latentes. Des choses que l'on avait au bout des doigts et qu'il a aidé à réveiller. Nous sommes satisfaits car l'album possède une unité, ce n'est pas un assemblage hétéroclite d'enregistrements dénués de continuité. Théo nous a aussi beaucoup apporté en nous aidant à poser notre jeu. A tel point que ça diffère de ce qu'on fait sur scène où les morceaux sont beaucoup plus rapide.
Votre musique évoque un certain malaise…
Et les nouvelles compositions sont encore pires (rires)... Disons que tous nos morceaux sont des facettes différentes d'un même sentiment, d'un même... trouble. On se sent assez proche d'écrivains comme Faulkner, Selby ou Tenessee Williams. Dans leurs livres, dans nos morceaux aussi, les gens sont damnés dès l'origine. Tous ces écrivains mais aussi un photographe comme Wilkins nous nourrissent musicalement. On se sent de toute façon assez éloignés du plan rock classique "sex & drugs & rock'n'roll". On suffisamment donné (rires)... II nous tarde vraiment de voyager, d'être confrontés à d'autres cultures, même si ça paraît pompeux à dire.
Qu'est-ce que représente le fait d'écrire pour toi?
(Bertrand, chant) Pour moi, c'est un processus lent et extrêmement douloureux. Je ne connais rien de plus difficile que d'écrire une chanson, bien plus que d'écrire de la poésie ou quoi que ce soit d'autre.
Vous avez signé avec une grande maison de disques...
Plutôt que de faire le tour des maisons de disques avec notre petite maquette (rire) … on a décidé d'envoyer cette cassette aux gens qui comptaient pour nous, de façon à ce qu'ils nous disent ce qu'ils en pensaient.
C'est ainsi qu'on l'a envoyée à Théo Hakola, mais aussi à Bashung, Ray Manzarek et Jeffrey Lee Pierce (rires)... entre autres. A partir de là, Théo nous a mis en contact avec sa maison de disques et tout est allé très vite.
Comment vous situez-vous par rapport aux ancêtres de la scène bordelaise, comme Strychnine?
Strychnine a eu son importance pour nous dans le sens où on a fait leur première partie à une époque. Mais tout ce petit mythe autour des groupes bordelais de cette période contribue plus aujourd'hui nous enfermer, à nous cataloguer dans un registre qui ne nous convient absolument pas. Mais ceci dit, quand on a l'occasion de prendre le train on ne crache pas sur ceux qui ont posé les railsb(rires)... Maintenant, Kick est le plus proche de notre sensibilité. C'est un compositeur hors-classe.
Sur scène, vous reprenez « Helter skelter » des Beatles…
C'est un morceau qui ne va nulle part mais qui est d'une violence incroyable. Ça sort quelques chose d'on ne sait où, c'est d'ailleurs ce qui est dangereux avec un tel morceau.
Bruno XXXX



Eric MULET
 
DISCOGRAPHIE
"Où veux-tu qu'je r'garde" (mini-album), Barclay


Telerama n°1985 - 27 janvier 1987

Coupure de presse : Telerama n°1985 - 27 janvier 1987

FRANCE ROCK

C'est quoi, un festival rock? En général, un pâturage bourbeux parfumé décibels-frites, où paissent d'héroïques amateurs munis de patience et d'un bon duvet. Rock en fronce n'est donc pas un festival, puisqu’il se déroule au sec, au chaud et en plusieurs mouvements: plutôt une série de concerts itinérants, avec une vingtaine de groupes défilant à la queue leu leu dans six villes de France.
Au générique, du rock d’ici, d'ailleurs et de demain, avec les gribouilleurs sixties de Dennis Twist, les candides Innocents, Anne Pigalle by night, Noir Désir et clairs desseins, Cyclope à six yeux, les Satellites sur or-beat et des keupons fripons comme Parabellum, La Souris Déglinguée ou les Porte Mentaux. Ajoutez au lot quelques gloires du Top 50, les Avions et Raft, un couple de belges swingants, Jo Lemaire et Gangsters d'Amour et d intrépides anglo saxons, Screaming Blue Messiah et Gaye Bikers on Acid.
Jusqu'au 5 février à Paris, Lille, Le Mans, Toulouse, Montpellier, Marseille et Clermont-Ferrand.

Renseignements: (16-1) 43-66-33-47, Minitel: 36-15 et TVR.


"GUITARE & CLAVIERS" N°73, Avril 1987

"GUITARE & CLAVIERS" N°73, Avril 1987

II n'aura guère fallu plus de deux mois â l'année 1987 pour nous offrir un premier album réellement crucial. Dithyrambe et nationalisme fayot, argueront hâtivement les grincheux. Pourtant les Bordelais de Noir Désir viennent de réussir, grâce â un creuset d'influences aussi variées qu'antinomiques, le plus beau manifeste d'écorchés depuis, disons... le dernier Gun Club. C'est d'ailleurs au phrasé calaminé de Jeffrey Lee Pierce que font, en premier lieu, penser les harangues concernées de Bertrand Cantat. Un musicien d'envergure celui-là, capable d'écrire avec un souci littéraire certain et de retranscrire ses mots sans emphase, juste en leur donnant du souffle, de l'ampleur. L'apanage des très grands. Alors est-ce un hasard s'il manie l'harmonica comme Stan Ridgway sur Toujours être ailleurs et si sa ligne vocale sur les couplets de La Rage rappelle un brin celle du Final Fog de Marquis de Sade ? Bref, les références se succèdent mais rien au bout du compte ne permet d'accrocher Noir Désir dans une mouvance précise. A se demander si nous ne serions pas en présence de l'ultime cocktail rock des eighties finissantes.
Osé ! Mais rarement les clins d'œil obligés du Velvet Underground n'auront été aussi aisément générateurs de sang neuf. L'équilibre entre le Noir et le Désir est parfait. Nappes de guitares claires et rythmique faussement sage, naviguent au jugé entre la caresse et la morsure.
Entre l'instinct et le talent aussi. La production limpide de Théo Hakola (également leader de Passion Fodder) rend radicalement hommage au groupe en balayant toute surcharge, en jouant avec les tensions et les silences, pour ne garder que l'essentiel. La moelle. Un grand espoir est né... ici.
J.-L. M.


Noir Désir
Où veux-tu qu'je r'garde
Barclay 831 484

Presse - Sur la même longueur d’ondes – n°15 Automne 1985

Presse - Sur la même longueur d’ondes – n°15 Automne 1985

Sur une impression d'avant-garde d'une projection peinture photographique, Noirs Désirs jouent leurs premières notes. Un chanteur sans mode s'engage dans une danse improvisée et fait valser son partenaire qui ressemblait plutôt à un micro. Sur une piste sans espace, deux danseurs sans soucis crachent leurs cris et râlent leurs chansons... L'ambiance se fait assurer par des êtres aux habits noirs... Le mercure monte dans les veines des musiciens. Un bassiste se débarrasse de ses fringues et se retrouve vêtu d'une basse et d'une longue mèche de cheveux.
Un batteur qui perd son rythme pour arracher son jean d'un coup de main travaillé et lâche sa tension contre son instrument qui raisonnait (et criait) plus fort. Un air sado-maso régnait sur ce coin pendant que le chanteur en demandait plus à son micro. Le feeling du guitariste ne passait que par les cordes de sa guitare, il surveillait prudemment ses copains... Une heure vient de passer et il y eut un rappel...



Walid SALEM

Photos prises sur le tournage du clip de l'homme pressé

Différentes photos prises sur le tournage du clip de l'homme pressé (1997) :







Partitions (Tab / Scores) de l'album "Des visages des figures"

En décembre 2005, j'apprends la parution des partitions de l'album "Des visages des figures" sur fnac.com : Des visages des figures - partition (broché)


Noir Désir -Des visages des figures - partition (broché)
Nouveauté à paraître, indisponible à ce jour.
Date de sortie : décembre 2005
Prix indicatif prévu : 28 €

En résumé (Mot de l'éditeur) :
Le Songbook de l'album "Des Visages Des Figures" de Noir Désir ! Toutes les partitions des instruments intervenant dans cet album (scores).
L'Enfant Roi; Le Grand Incendie; Le Vent Nous Portera; Des Armes; L'Appartement; Des Visages Des Figures; Son Style 1; Son Style 2; A L'Envers à L'Endroit; Lost; Bouquet De Nerfs

Fiche détaillée :
Auteur : Noir Désir
Editeur : Id Music
Collection Partition
ISBN F014896710

Noir Désir a-t-il un avenir? - cyberpresse.ca

Vu sur http://www.cyberpresse.ca/, le dimanche 04 décembre 2005


Photo fournie par Umusic

Noir Désir a-t-il un avenir?
Philippe Renaud- La Presse -Collaboration spéciale

Le 27 juillet 2003 restera à jamais gravé dans la tête de Denis Barthe. Ce soir-là, son ami, son collègue de travail depuis près de 25 ans, Bertrand Cantat, a tué Marie Trintignant dans des circonstances que s'est efforcée de clarifier la justice lituanienne. Au printemps 2004, le tribunal de Vilnius- où se sont produits les tragiques événements- a condamné le chanteur de Noir Désir, héraut du rock alternatif français, à huit ans de prison. Les fans sont consternés, la presse française médiatise la tragédie «à outrance».
Les membres de Noir Désir- le guitariste Serge Teyssot-Gay, le bassiste Jean-Paul Roy et Barthe le batteur- sont devenus des «victimes collatérales» des gestes du leader de leur formation. Aux yeux de nombre d'observateurs français, la tragédie sonnait le glas de «Noir Dez». Mais deux ans plus tard, la poussière enfin retombée, le groupe lance Noir Désir en public, l'album qui pourrait bien être leur chant du cygne. Le batteur Denis Barthe affronte à nouveau la presse pour défendre cet enregistrement de la tournée Des Visages, des figures.
Barthe et ses collègues ont déjà dû subir les inquisitions de la presse généraliste française en marge de la couverture du procès de Cantat. Le musicien savait bien, en acceptant d'accorder à nouveau des entrevues, que les journalistes seraient plus intéressés par la tragédie que par la musique. Soyons clairs: ça prend des couilles pour se lancer dans une telle campagne de promotion.
Au bout du fil, la voix de Barthe est ferme, somme toute assez enjouée. La sortie de Noir Désir en public, explique-t-il, lui permet «d'entrevoir ne serait-ce qu'un petit rayon de lumière» qui lui fait dire: «Vous voulez voir ce qu'était, ce qu'est et ce que sera peut-être encore Noir Dez? Alors, on va vous montrer Noir Dez sur scène. On ne va rien cacher, rien occulter. On ne coupera pas les scènes de violence, les scènes de chamanisme, on coupera pas non plus les erreurs. On se montre tel qu'on est, à poil.»
L'album était déjà en chantier lorsque les tristes événements sont survenus. Les membres l'ont mis sur la glace, en espérant pouvoir y revenir. «De notre histoire, ç'aurait été la première chose qu'on n'aurait pas fini. Après tout ce qu'on a vécu d'horrible au cours des deux dernières années, il nous fallait trouver quelque chose de positif, et revenir à notre propos premier, la musique.»
«On en avait assez de tout ce cirque qui a nourri des médias peu scrupuleux», poursuit Barthe. La presse people a laissé un goût amer dans la gorge du batteur, qui se noue lorsqu'il en parle. «L'histoire était horrible, mais très simple. Pas nécessaire d'en faire toute une affaire, voilà.» Une affaire qui, aux yeux des membres de Noir Dez, a pris l'allure d'une «charia» contre le groupe dans la presse française.
«Nous avions été clairs dès le départ, insiste Barthe. On n'a pas trouvé d'excuses à Bertrand. On n'a pas cherché à minimiser la portée de son geste. On a laissé les enquêtes policières se faire, on a laissé les journalistes poser leurs questions, parce qu'on savait très bien qu'on n'avait rien à cacher, ni à se reprocher.» Mais lorsqu'il ajoute que «nous sommes tous faillibles et mortels», on comprend, à travers les réclamations du musicien, qu'après le choc, ils se sont tous dit qu'eux-mêmes ne sont pas à l'abri d'un tel dérapage.
«Mais jamais nous n'aurions pensé que l'un d'entre nous puisse commettre un tel acte. On se connaît, on connaît Bertrand, et on sait très bien que ce n'est pas quelque chose qui est ancré profondément dans son caractère. On sait très bien que c'est une suite d'événements qui a mené à ça. Que la passion est destructrice, que la jalousie est très dure et qu'elles peuvent conduire à l'irréparable. Malheureusement, des histoires comme celle de Marie et Bertrand, y'en a tous les jours, bien qu'on n'en entende pas toujours parler. S'aimer à se détruire, c'est malheureusement quelque chose qui fait partie de la vie. Je suis d'accord avec toi, ça ne devrait pas arriver. Mais malheureusement, on loge à la même enseigne que tout le monde.»
Une sortie bienfaitrice
En voulez-vous à Cantat qui, par ces gestes, a entaché l'image du groupe, formation rock engagée, altermondialiste, près de ses fans? Croyez-vous que les dommages soient irréparables pour la légende Noir Désir? «Je n'en sais trop rien. Je peux seulement dire qu'on souffle un peu depuis la sortie du disque live.»
Les fans n'ont sûrement pas oublié, mais ils sont en mesure de faire la part des choses. Lors de la sortie de l'album, les médias ont couvert avec beaucoup de pudeur l'événement. Plus de deux mois après sa parution, plus de 200 000 exemplaires de l'album se sont vendus en France. Le site Web du groupe, qui avait été fermé depuis deux ans, a été rouvert, et les fans ont favorablement réagi à la sortie du disque.
«On a été surpris des ventes. Ça nous a rassurés. Ça faisait quand même deux ans que la presse était hostile envers nous. Plusieurs gens de notre entourage partageaient nos problèmes en nous disant que ce ne serait pas facile... Le fond de l'histoire n'est pas discutable, mais en même temps, plusieurs fans étaient rassurants, et pleins de compassion.»
La décision de lancer l'album s'est prise à quatre, une fois que Cantat a été renvoyé en France et que les membres ont pu le rencontrer en prison. «Tous les membres du groupe, on se relaie. On lui rend visite une fois par mois.» Denis Barthe admet cependant que l'avenir du groupe est difficile à entrevoir.
«Là, on est obligé d'attendre qu'il sorte de prison. On va se voir, on va discuter comment on peut entrevoir l'avenir. Mais c'est sûr que l'envie de faire quelque chose tous ensemble est encore là. Y'a pas un des membres du groupe qui n'ait pas envie de remonter sur scène et de refaire un album. Après ça, est-ce que ce sera possible? Ça, je n'ai pas la réponse.»
«Pour la première fois depuis la création de Noir Désir, je ressens un manque. Celui de jouer sur scène, de créer. Pendant un bon moment, je me suis questionné: est-ce que je continue ou j'arrête?» Denis Barthe a choisi de continuer, en solo. Il vient de terminer la réalisation du nouvel album des Têtes raides. Il travaille présentement aux maquettes de son premier album. «J'espère qu'il sera lancé à l'automne 2006», dit-il d'une voix encourageante.
 

http://www.stopinfos.com/ - Noir Désir – En images

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Après l’excellent coffret double CD live, Noir Désir nous offre la même chose avec l’image en plus dans ce beau coffret double DVD, Noir Désir en images. Des heures de live, clips, coulisses et toutes sortes de bonus qui offrent une plongée au plus profond de l’univers du groupe Bordelais, des premières heures jusqu’à aujourd’hui.
Sur la première biscotte, que du live. L’intégralité du concert donné à Evry en 2002 dans le cadre de la tournée « Comme elle vient ». Dès les premiers instants, on oublie que c’est à travers sa télé que l’on voit le groupe et on se transporte dans la fosse. Les premières notes nous arrachent quelques frissons. Pour ceux qui on déjà vu Noir Dez en concert, voire qui étaient présents pour ce concert, c’est une foule de souvenirs qui remonte à la surface. Pour ceux qui n’ont pas eu cette chance, c’est l’occasion parfaite de s’initier aux prestations possédées du groupe emmené par un Bertrand Cantat déchaîné. En plus du concert d’Evry, ce premier disque contient des extraits d’autres concerts : les Eurockéennes 1997 et 2002, Buenos Aires en 1997 et Gisti en 2002. Un monument de moments puisés dans ce qui fait l'essence même du groupe : la scène.
Pour ceux qui ne seraient pas encore rassasiés, place au second CD. Tous les clips de Noir Dez, plus quelques bonus bien sentis. On prend un sacré plaisir à (re)voir ces clips travaillés et habiilement montés. Sur tous ses titres, le groupe s’est attaché à utiliser l’image comme un moyen de faire passer ses propos au même titre que la musique. Parmi les plus marquants, on retient « Un jour en France » dans le style dessin animé japonais, les passages en noir et blanc de « Un homme pressé », le rare duo avec Alain Bashung sur le titre « Volontaire » et plein d’autres encore. Et puis comme c’est bientôt Noël, on n’échappe pas aux divers bonus. Cela va d’un documentaire sur le groupe que l’on voit en balances et qu’on entend parler de sa démarche et de son étique, à des spots TV en passant par divers extraits live, ça faisait longtemps.
Rajouté au coffret audio, ces deux sorties rappellent ce qu’est vraiment Noir Désir et ce pourquoi il faudra s’en souvenir : le meilleur groupe de rock français. Ni plus ni moins.
Noir Désir
En images
Barclay
24,99 euros
www.noirdez.com
Julien Jarsallé

Noir Désir - Le grand incendie - Francis Hébert - voir.ca

Vu sur http://www.voir.ca - 24 novembre 2005
Noir Désir - Le grand incendie - Francis Hébert



Denis Barthe: "Il ne se passera rien sous le nom de Noir Désir sans Bertrand." Photo: Richard Dumas
Noir Désir sort un incendiaire double album enregistré en public, comme un dernier salut avant de partir. Son batteur Denis Barthe revient sur sa conception, sur l'ultime tournée avant le drame.
"Écoutez, je ne vais pas trop mal, on a une belle journée ensoleillée, alors on en profite..." Même les questions en apparence banales prennent une tournure dramatique. Cette faille dans la voix de Denis Barthe, au bout du fil, tout admirateur de Noir Désir pourrait la pressentir, la comprendre. L'heure est à la promo, mais aussi, forcément, au chagrin, puisque le spectre de Bertrand Cantat hante nos mémoires, se pointe dans les réponses malgré des questions volontairement imprécises, pudiques. De la tristesse dans l'air, dans la tonalité des voix. Des silences. On pense aux vies gâchées, aux déchirures, à la solitude, à la carrière foutue d'un des plus grands groupes de rock français.
Le mélomane voudrait bien parler du grand incendie allumé il y a 20 ans par Noir Désir, de la puissante décharge électrique qui secoue chacun de ses albums, de cette fièvre poétique et rock. Malheureusement, depuis les événements de Vilnius, Marie Trintignant est sous terre et Bertrand Cantat, derrière les barreaux. On perd en même temps une grande actrice et un chanteur de feu. Déchirures.
Trois ans après sa dernière tournée pour Des Visages, des Figures, Noir Désir se relève et sort enfin ce splendide double album en public: "En 2003, au moment de Vilnius, on était en train de travailler sur ce live, on avait avancé le mixage. Et puis voilà, il s'est passé ce qui s'est passé... On a tout mis dans nos cartons, on a oublié par force tout ce qui était musique pour se concentrer sur le
malheur qui était arrivé et comment on pouvait faire face à ce drame. Bertrand a été jugé, puis rapatrié en France. Et ce n'est qu'une fois qu'il a commencé à purger sa peine en France qu'on a recommencé à penser à ce disque live. On l'avait laissé en suspens, c'était la première fois que l'on n'achevait pas quelque chose. Lors d'une visite en prison, on a discuté tous les quatre pour savoir si on allait le terminer ou non, après un silence volontaire de deux ans pour ne pas choquer les proches et les moins proches. Mais là, il était peut-être temps qu'on se retourne vers la musique, vers quelque chose de positif", raconte Barthe, la voix fêlée. Néanmoins, il garde l'espoir que revive un jour son groupe, mais pas question de combler le vide en embauchant un nouveau chanteur en attendant Cantat: "Il ne se passera rien sous le nom de Noir Désir sans Bertrand."
On parle à Barthe des admirateurs, nombreux, qui ont beaucoup de difficulté à réécouter Noir Désir depuis la tragédie de Vilnius: "On a lu ça dans la presse, dans pas mal de journaux en France, mais on a rencontré personne qui nous l'ait dit en face. On n'a pas reçu de lettres non plus, on n'a rien reçu de négatif de la part du public. Ça nous a surpris. car on s'attendait à ce qu'il y ait de mauvais retours, on l'aurait compris et accepté. Côté public, on n'a croisé que des gens qui ont été vachement réconfortants, solidaires de ce qui nous arrivait."
En 20 ans de carrière, seulement deux lives de Noir Désir sont sortis. Le premier, Dies Irae, en 1994, et celui-ci, En public, paru récemment: "Les choses se sont faites comme cela. Sur les tournées d'avant, on n'avait pas spécialement enregistré nos concerts, c'était plus léger. Mais cette fois-ci, ce n'était pas la même chose. Sur Des Visages, des Figures, on a travaillé différemment, on a inclus pas mal de samplings, des sons synthétiques, on n'a pas joué nécessairement sur nos instruments de prédilection, c'est-à-dire qu'on n'était pas toujours à la guitare, à la batterie et à la basse. Au moment de monter la dernière tournée, on s'est dit que c'était le moment de revisiter nos anciens morceaux de la même manière. On a procédé à deux mois de répétitions pour réarranger nos anciens titres pour qu'ils collent avec les nouveaux." Et comment s'est constitué le répertoire? "On a noté tous nos morceaux sur un grand tableau et on a choisi à l'unanimité ce que nous voulions jouer. On a la chance de se retrouver dans nos choix communs, ce n'est pas arrivé qu'il y ait de grosses discussions. Un seul morceau nous a divisés: L'Appartement, que nous voulions faire et pas Bertrand. Dans Noir Désir, il suffit qu'un seul membre ne soit pas d'accord pour qu'on ne le fasse pas..."
En plus de ses chansons originales, Noir Désir reprend sur ce double album Ces Gens-là de Jacques Brel ainsi qu'une surprenante relecture de 21st Century Schizoid Man de King Crimson: "On en parlait depuis au moins 10 ans. Ce qui nous a décidés à s'y attaquer, c'est l'arrivée dans le groupe de Christophe Perruchi aux claviers et sampleurs. On l'a répétée comme ça, à la volée, en un après-midi."
Démocratie et urgence chez Noir Désir, mêlées au goût de la poésie de son chanteur: "Le texte de Ce n'est pas moi qui clame est d'un poète hongrois, Jozsef Attila. Un jour, pendant le sound check, Bertrand a lu ce poème. Et nous, on est partis sur des ambiances musicales. À la fin, on a décidé de le jouer le soir même. La musique était de l'impro totale."
Le grand incendie de Noir Désir n'a pas fini de brûler, rouge et noir, zébrures de beauté rock.
Noir Désir
En public
(Universal)
 

Ils étaient quatre - Kathleen Lavoie - Le Soleil - cyberpresse.ca

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Le vendredi 25 novembre 2005



Noir Désir en des jours meilleurs. De sa prison française, Bertrand Cantat s’est beaucoup impliqué dans la réalisation du « live ». « Ça nous a beaucoup rassurés sur sa santé de le voir s’investir de cette manière. Il n’a pas écouté ça l’œil dans le vague », relate le musicien Denis Barthe.

Ils étaient quatre - Kathleen Lavoie - Le Soleil
Noir Désir, c’est le plus grand groupe rock français et 25 ans de production musicale exemplaire. Mais depuis juillet 2003, Noir Désir, c’est aussi le synonyme d’une des plus troublantes tragédies des dernières années. Cette plaie béante, cette large écorchure dans la biographie d’un groupe admiré pour son intégrité et son refus du compromis constituera-t-elle son chapitre final ?
Cette question, on ne la croyait pas possible avant l’été 2003, la triste saison marquée par le drame de Vilnius, cette ville de Lituanie où l’actrice Marie Trintignant a trouvé la mort par la main de son compagnon Bertrand Cantat, le charismatique chanteur du groupe Noir Désir.
Malgré un verdict de culpabilité qui a vu ce dernier écoper d’une peine de huit ans de prison, l’onde de choc subsiste toujours deux ans après la tragédie. Entre les recours au civil intentés par la famille Trintignant, le livre-choc (Méfaits divers) publié par Xavier, le frère de Bertrand, les drames de trois familles brisées, dont celle de Noir Désir, et l’acharnement des médias français, la poussière ne semble pas vouloir retomber.
En marge, les trois quarts restants de la formation bordelaise, Serge Teyssot-Gay (guitare), Jean-Paul Roy (basse) et Denis Barthe (batterie), ont continué d’exister en silence, malgré leur propre souffrance. Il a fallu l’achèvement d’un projet amorcé avant Vilnius, le live En public, pour que les trois compagnons reprennent la parole au nom de Noir Désir.
Années terribles
« On va mieux, rassure aujourd’hui Denis Barthe. On a passé deux ans terribles où l’on s’est retrouvé dans une histoire qui n’est pas la nôtre. Pour la première fois de l’histoire de Noir Désir, on a eu à subir la presse à scandale. Jusque-là, on avait toujours réussi à tracer notre chemin sans elle. Sans être contraints, on a subi des choses désagréables. Heureusement, quand Bertrand a été jugé et a été rapatrié en France, on a pu se voir tous les quatre librement. »
C’est lors d’une de ces rencontres que les quatre musiciens se sont entendus pour compléter En public, un disque témoignant de la tournée Des visages, des figures, leur magnifique album de 2001. Une soixantaine de représentations avaient été enregistrées en vue de ce disque, qui est sorti en septembre sous la forme de deux éditions, la première, limitée, de 24 titres, et l’autre, de 15 chansons. Un DVD devrait également paraître le 24 janvier.
« Deux choses pouvaient se passer avec ce live, dont on est d’ailleurs très fiers. Soit il ne voyait pas le jour, ce qui aurait été courber l’échine, soit on se tournait vers quelque chose de positif en revenant à notre propos premier, qui est la musique, se souvient Denis Barthe. Ce qui s’est passé est incompréhensible et impardonnable, mais Bertrand ne l’a pas fait parce qu’il est quelqu’un d’horrible... Et s’il fallait que ce disque soit le point final de l’aventure Noir Désir, ce serait au moins positif. »
En refaisant surface, le groupe savait qu’il se ferait accuser de profiter de la situation à des fins mercantiles. Depuis le début des événements de Vilnius, les tabloïds n’ont pas manqué de les inclure dans la sordide affaire. Leur retour sur disque ne ferait pas exception.
À cet égard, le batteur ne manque pas de rappeler que le groupe divise ses recettes en quatre parts et que celle revenant à Bertrand va directement dans un compte bloqué destiné à indemniser les quatre enfants de Marie Trintignant.
« Depuis le début de cette histoire, la presse a été terrible, mais le public, pas du tout. Nous n’avons reçu aucune lettre d’insultes. Tout ça a été monté par la presse. C’est elle qui a prétendu que les gens retournaient leurs albums, ce qui est totalement faux. Nous, ça nous surprenait... Si on a rencontré des journalistes qui dérapaient trop sur l’histoire de Bertrand, ça n’a jamais été le cas avec le live. On n’a pas vu de gens agressifs ou hostiles. Quand on a pris la décision de sortir l’album, on a pensé aux retombées qu’il pourrait y avoir. On savait que ça pourrait relancer la presse à scandale. »
En même temps, les trois musiciens ont jugé qu’il était temps de refaire sa place à la musique de Noir Désir.
« Pendant deux ans, on a gardé le silence pour respecter le deuil de la famille Trintignant et la douleur de la famille Cantat. On s’est dit que tout était tassé, revenu à la normale, bien que ce ne sera plus jamais normal. On était au moins revenu à une situation plus calme et sereine. Les esprits étaient apaisés de tous les côtés. Les gens ont compris que Bertrand avait été jugé, qu’il avait accepté sa peine et qu’il avait commencé à la purger. C’est important que les gens sachent que là-bas, il n’a pas de passe-droit, pas de quartier V.I.P., pas d’avantages sur les autres détenus. Il est en train de payer pour le crime qu’il a commis. »
La revanche de la presse à scandale
Cette spectaculaire chute du héros Cantat, le défenseur des SDF et des sans-papiers, le pourfendeur de la mondialisation et de ses effets pervers sur l’industrie de la musique, donnait à la presse people française sa plus belle revanche sur Noir Désir, une formation qui n’a jamais voulu jouer son jeu.
« L’occasion était trop belle. Ça faisait 25 ans qu’on disait qu’on n’avait pas besoin de la presse poubelle. On ne s’en occupait pas. On n’a jamais voulu manger de cette soupe-là. L’occasion était belle de nous faire payer l’addition. Pour eux, c’était énorme. Une énorme affaire lucrative. Ces gens-là ne se soucient pas des familles, des gens proches. Pire, toute cette presse-là se moque aujourd’hui des femmes battues... » laisse entendre un Denis Barthe visiblement amer.
Aussi, les trois musiciens ont maintenu leur ligne habituelle quand est venu le temps de promouvoir En public, soit de n’accorder que quelques entrevues à des médias choisis, mais aucune télé. Le jour où ils y réapparaîtront, ils seront à nouveau quatre.
La démocratie a toujours été un principe important au sein de Noir Désir et continue de prévaloir par-delà les murs du Centre de détention de Muret, où Bertrand Cantat est détenu. C’est aussi là qu’il a approuvé les bandes d’En public.
« Nous avons eu l’autorisation du ministère de la Justice. On a pu le rencontrer deux fois dans le cadre de visites un peu plus prolongées. On lui a fait écouter les mixes. Il a participé, donné ses commentaires. Ça nous a beaucoup rassurés sur sa santé de le voir s’investir de cette manière. Il n’a pas écouté ça l’œil dans le vague... On a donc décidé de ce qu’il y a sur le CD à quatre. Pour ce qui est du travail intérieur de la pochette, c’était un peu plus compliqué. »
En dehors de ces instants volés, Noir Désir n’existe plus que de nom. « On n’a plus fait de musique ensemble. C’est triste dans le local de répétition sans Bertrand... », explique Denis.
De son côté, le batteur vient de signer avec Jean-Paul Roy la musique du film Enfermés dehors d’Albert Dupontel.
« Serge, lui, a enregistré son album à la maison. Ça reste des histoires de famille, même si on ne se retrouve jamais tous les trois ensemble. Après, rien n’est impossible. (…) Ce qui est certain, c’est qu’on ne sortira pas de fonds de tiroir de Noir Désir et qu’on ne fera rien sur scène sous le nom de Noir Désir sans Bertrand. »
L’avenir n’est donc pas totalement joué pour Noir Désir. Denis Barthe le premier souhaite un retour du groupe.
« Après les deux ans qu’on vient de passer, on ne peut qu’être optimiste, même s’il y a beaucoup de choses qu’on entrevoit qu’au conditionnel. Tant qu’on ne sera pas tous les quatre autour d’une même table, sans les murs pour nous écouter, on ne prendra pas de décision. Cela dit, l’envie de refaire quelque chose ensemble est là. Il n’y en a pas un d’entre nous qui n’a pas envie de refaire un album ou un spectacle. Est-ce que ce sera possible avec la vie que nous ferons les médias en France ? Est-ce que Bertrand sera capable de vivre dans la tranquillité ? Seul l’avenir le dira... »