dimanche 16 décembre 2012

INROCKUPTIBLES - N°5, Mars - Avril 1987

Coupure de presse : INROCKUPTIBLES - N°5, Mars - Avril 1987

NOIR DESIR
LE DÉSIR EST TOUJOURS PERVERS, PARAIT-IL.
COMME LEUR MUSIQUE, BELLE ET MALADIVE, DÉNICHÉE A BORDEAUX PAR THÉ0 HAKOLA. UNE MERVEILLE DE PREMIER ALBUM, UN DISQUE AUX SENTIMENTS EXACERBÉS, DÉLICAT ET ÉCORCHÉ.

Si chacun d'entre nous n'avait à retenir qu'un morceau?... "All along the watchtower" par Hendrix, "The end" des Doors, "Texas serenade" du Gun Club et "Won't get fooled again" des Who...
Le style musical du groupe a-t-il beaucoup évolué depuis vos débuts?
Si le groupe a sept ans d'existence, la formule actuelle date d'il-y a deux ans seulement, là "couleur" du groupe aujourd'hui est donc récente. Nous sommes passés par des choses moins affirmées, c'est venu petit à petit.
Si vous aviez à situer l'originalité du groupe, quelle part attribueriez-vous à l'interprétation?
La plus grande, sans hésitation, c'est l'interprétation qui prime. C'est ce qui nous séduit dans des groupes comme le Gun Club : tout en venant de racines très classiques, c'est un truc totalement à part, complètement revisité. C'est une interprétation magistrale de ces racines, tout comme les Violent Femmes l'ont fait. Mais pour en revenir à Noir Désir, de par les influences hétéroclytes des membres du groupe et la façon que l'on a de construire les morceaux, à savoir tous ensemble et en laissant les choses venir, il y a une certaine originalité qui se dégage d'elle-même au niveau de l'écriture des morceaux. On aime beaucoup casser la structure d'un morceau, varier les ambiances au sein même d'une chanson en s'attachant à exploiter chaque aspect, chaque atmosphère jusqu'au bout. On laisse énormément de place à l'improvisation au sein des morceaux, c'est dans leur nature même. Sur scène, on ne sait jamais trop ce qui va se passer, c'est totalement imprévisible. Il y a une structure générale, pas de construction stricte.
Comment s'est passé l'enregistrement de votre premier mini-album?
Théo Hakola, qui a produit le disque, a su faire sortir, pendant l'enregistrement, des choses qui étaient latentes. Des choses que l'on avait au bout des doigts et qu'il a aidé à réveiller. Nous sommes satisfaits car l'album possède une unité, ce n'est pas un assemblage hétéroclite d'enregistrements dénués de continuité. Théo nous a aussi beaucoup apporté en nous aidant à poser notre jeu. A tel point que ça diffère de ce qu'on fait sur scène où les morceaux sont beaucoup plus rapide.
Votre musique évoque un certain malaise…
Et les nouvelles compositions sont encore pires (rires)... Disons que tous nos morceaux sont des facettes différentes d'un même sentiment, d'un même... trouble. On se sent assez proche d'écrivains comme Faulkner, Selby ou Tenessee Williams. Dans leurs livres, dans nos morceaux aussi, les gens sont damnés dès l'origine. Tous ces écrivains mais aussi un photographe comme Wilkins nous nourrissent musicalement. On se sent de toute façon assez éloignés du plan rock classique "sex & drugs & rock'n'roll". On suffisamment donné (rires)... II nous tarde vraiment de voyager, d'être confrontés à d'autres cultures, même si ça paraît pompeux à dire.
Qu'est-ce que représente le fait d'écrire pour toi?
(Bertrand, chant) Pour moi, c'est un processus lent et extrêmement douloureux. Je ne connais rien de plus difficile que d'écrire une chanson, bien plus que d'écrire de la poésie ou quoi que ce soit d'autre.
Vous avez signé avec une grande maison de disques...
Plutôt que de faire le tour des maisons de disques avec notre petite maquette (rire) … on a décidé d'envoyer cette cassette aux gens qui comptaient pour nous, de façon à ce qu'ils nous disent ce qu'ils en pensaient.
C'est ainsi qu'on l'a envoyée à Théo Hakola, mais aussi à Bashung, Ray Manzarek et Jeffrey Lee Pierce (rires)... entre autres. A partir de là, Théo nous a mis en contact avec sa maison de disques et tout est allé très vite.
Comment vous situez-vous par rapport aux ancêtres de la scène bordelaise, comme Strychnine?
Strychnine a eu son importance pour nous dans le sens où on a fait leur première partie à une époque. Mais tout ce petit mythe autour des groupes bordelais de cette période contribue plus aujourd'hui nous enfermer, à nous cataloguer dans un registre qui ne nous convient absolument pas. Mais ceci dit, quand on a l'occasion de prendre le train on ne crache pas sur ceux qui ont posé les railsb(rires)... Maintenant, Kick est le plus proche de notre sensibilité. C'est un compositeur hors-classe.
Sur scène, vous reprenez « Helter skelter » des Beatles…
C'est un morceau qui ne va nulle part mais qui est d'une violence incroyable. Ça sort quelques chose d'on ne sait où, c'est d'ailleurs ce qui est dangereux avec un tel morceau.
Bruno XXXX



Eric MULET
 
DISCOGRAPHIE
"Où veux-tu qu'je r'garde" (mini-album), Barclay


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